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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 17:43

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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 14:37

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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 18:29

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 17:14

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 18:25

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 19:19

Faire confiance
aux jeunes talents


Par Jean-François Picaut

Les Trois Coups.com


La maison des jeunes et de la culture de Bréquigny (Rennes, Ille-et-Vilaine), pour la 25e édition du festival Jazz à l’Ouest a voulu, comme un symbole, inviter un musicien de 25 ans.

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Paul Morvan & Co | © Jean-François Picaut

Tous ceux qui connaissent la M.J.C. Bréquigny savent quelle attention elle accorde aux jeunes musiciens, souvent formés en son sein, qu’elle accompagne et promeut. Le batteur Paul Morvan en est une illustration parfaite. Lui qui découvrait le jazz au sein de cette structure, il y a sept ans, se trouve invité aujourd’hui avec un trio de jeunes à peine plus âgés. Joachim Govin (contrebasse) atteint tout juste ses 30 ans et Pierre Bernier (saxophone) avoue 26 ans.

C’est, ce soir, la première prestation publique du Paul Morvan, Joachim Govin, Pierre Bernier trio. Paul Morvan tient à cette appellation un peu longue. Il explique en effet qu’une telle formation, sans instrument harmonique, est une sorte de triangle équilatéral. Nul ne saurait s’y prétendre plus important qu’un autre. Et comme Paul est très modeste, il ajoute : « Surtout pas moi, qui ne signe aucune des compositions de ce soir ».

Le programme, de fait, n’est constitué que d’œuvres écrites par ses compagnons. Ces trois-là n’ont d’ailleurs pas choisi la facilité puisque tout ce que nous entendrons a d’abord été conçu pour un quartette et qu’il a fallu adapter !

Un jazz plutôt intimiste

Le concert commence avec Mizu (« eau » en japonais) de Pierre Bernier. C’est un titre assez représentatif de ce qui nous sera offert ensuite. Le saxophoniste y révèle un son puissant, avec des graves profonds, auxquels j’estime qu’il manque un peu de rondeur, de moelleux. Paul Morvan distille une ambiance de jazz plutôt intimiste. Avec un toucher délicat et précis, il installe un climat plus qu’il n’impose une rythmique. L’atmosphère est peu différente avec Hunt (« la Chasse ») de Joachim Govin, qui y brille par l’usage mélodique de sa contrebasse tandis que Paul ajoute une ponctuation minimale mais juste avec ses baguettes. En seconde partie de ce titre, le rythme est un peu plus rapide quand le saxophone intervient.

Windmill (« Moulin à vent ») de Pierre Bernier et Why Not de Joachim Govin exploitent la même veine. On notera, dans la première pièce, le rythme quasi obsédant impulsé par la contrebasse, tandis que le saxophone module une sorte de mélopée simplement troublée par les éclats de la batterie comme un écho des sons de la vie. Dans ce titre plus particulièrement, je regrette, que le saxophoniste joue plus qu’il n’interprète sa partition. Je serais tenté d’incriminer le peu de temps de préparation qui fait qu’on est absorbé par la lecture du texte, et je me prends à rêver de ce que pourrait en faire un Andy Sheppard, sculpteur du temps et du son. Mais on m’explique qu’il s’agit d’un choix esthétique dans la lignée de Mark Turner…

La seule reprise de ce programme sera Satellite de Coltrane (enregistré en 1960). Comme il arrive souvent, ce titre du répertoire paraît libérer le groupe. La pulsation en est plus marquée, la conduite de Paul Morvan est dynamique et le son du saxophone est plus charnu. Le contrebassiste et le batteur signent des solos intéressants. Element de Joachim Govin clôt le concert. Il a déjà enregistré ce morceau avec son quartette où figure le saxophoniste Ben Van Gelder. Le trio semble avoir trouvé l’assurance et nous donne une belle conclusion.

Malgré une certaine raideur, fréquente dans les créations, le trio Paul Morvan, Joachim Govin et Pierre Bernier a su conquérir un public attentif. La formation toute récente, avec des compositions complexes, a fait honneur à la confiance manifestée par Jazz à l’Ouest. C’est à coup sûr un groupe à suivre. 

Jean-François Picaut


Trio Morvan, Govin, Bernier

Avec : Paul Morvan à la batterie, Joachim Govin (contrebasse) et Pierre Bernier (saxophone ténor)

M.J.C. Bréquigny • 15, avenue Georges-Graff • 35200 Rennes

Tél. 02 99 86 95 95

Courriel : communication@mjcbrequigny.com

Vendredi 14 novembre 2014 à 20 h 30

Durée : 1 heure

12 € | 10 € | gratuit pour les moins de douze ans

Jazz à l’Ouest 2014 à Rennes (Ille-et-Vilaine)

25e édition

Du 4 au 15 novembre 2014

Site : http://www.jazzalouest.com

Billetterie : F.N.A.C. / www.bretagne35.com / M.J.C. Bréquigny et salles partenaires

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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 23:13

Un peu de fraîcheur


Par Jean-François Picaut

Les Trois Coups.com


La politique constante de la maison des jeunes et de la culture de Bréquigny (Rennes, Ille-et-Vilaine), sa directrice, Valérie Leroux, le soulignait lors de l’inauguration du festival Jazz à l’Ouest, c’est l’attention portée à la jeunesse et le soutien de ses initiatives. La 25e édition du festival en apporte une nouvelle preuve.

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O.P.A. | © Jean-François Picaut

Olivier Pellan, récent titulaire du diplôme d’études musicales, option jazz, est, ce soir, l’heureux bénéficiaire du soutien que le festival Jazz à l’Ouest apporte à de jeunes musiciens en les programmant en première partie d’artistes confirmés. Il nous présente sa formation, O.P.A. Ne lui demandez pas ce que cela signifie en dehors de ses initiales. La seule interprétation qu’il récuse est « offre publique d’achat » ! Peut-être aurez-vous plus d’imagination que lui…

Le premier titre, comme la plupart de ceux que nous entendrons ce soir, est une composition du contrebassiste Simon Désert. Qu’est-ce que cela veut dire ? est une pièce plutôt rapide, à la pulsation nette, qui permet au groupe (Olivier Pellan à la batterie, Baptiste Grisel au piano, Frédéric Michel à la guitare et Simon Désert à la contrebasse) de se mettre en place et de montrer sa cohérence. Untitled (Simon Désert), plus lent, comporte un beau thème mélodique, et Frédéric Michel lui donne des couleurs attrayantes dans l’introduction. C’est une ballade lente, Anima (Simon Désert), qui lui succède. Elle présente un heureux mariage harmonique entre piano, guitare et contrebasse, ce qui n’est pas toujours évident. J’y soulignerai le travail mélodique de la contrebasse et la délicatesse pleine de nuances des balais maniés par Olivier Pellan. Simon Désert signe aussi Lindberg’s Indian’s Nickname et Flushing Meadows, qui terminent le programme.

Entre-temps, nous aurons pu apprécier Chansong (Frédéric Michel). L’introduction à la guitare, assez indolente, est bourrée de charme. Le tutti qui suit paraît un peu bavard, mais on y note la belle présence d’Olivier Pellan (batterie).

Si je suis bien informé, ce quartette est de création récente. Ce qu’il nous a présenté ce soir est plutôt de bon augure. Avec l’assurance que donnent quelques concerts, un répertoire plus étoffé et un peu de concessions aux bonnes manières pour saluer, cette formation devrait nous réserver des moments exquis. 

Jean-François Picaut


O.P.A.

Avec : Olivier Pellan à la batterie, Baptiste Grisel au piano, Frédéric Michel à la guitare et Simon Désert à la contrebasse

En première partie de Pascal Salmon & Cie

M.J.C. Bréquigny • 15, avenue Georges-Graff • 35200 Rennes

Tél. 02 99 86 95 95

Courriel : communication@mjcbrequigny.com

Mardi 11 novembre 2014 à 18 h 30

Durée : 1 heure

12 € | 10 € | gratuit pour les moins de douze ans

Jazz à l’Ouest 2014 à Rennes (Ille-et-Vilaine)

25e édition

Du 4 au 15 novembre 2014

Site : http://www.jazzalouest.com

Billetterie : F.N.A.C. / M.J.C. Bréquigny et salles partenaires

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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 17:27

Idée, idéal, idéologie, dérives ?


Par Jean-François Picaut

Les Trois Coups.com


Judith Depaule est une spécialiste du théâtre politique. La création qu’elle effectue dans le cadre de Mettre en scène se situe, comme une grande partie de son travail, à l’intersection du documentaire et du spectacle multimédia. Un alliage particulièrement réussi dans son dernier ouvrage.

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« les Enfants de la terreur » | © Camille Richard

Théâtre et politique, voilà une question bien connue de Judith Depaule, elle qui a soutenu une thèse sur le théâtre dans les camps staliniens. Son nouvel opus, les Enfants de la terreur, se situe au cœur brûlant de cette problématique.

Le centre névralgique de l’histoire, c’est l’année 1972 qui vit les Japonais du Nihon Sekigun (l’armée Rouge japonaise) signer un attentat sur l’aéroport de Tel-Aviv, la prise d’otages aux J.O. de Munich réalisée par Septembre noir, tandis que la Fraction armée rouge (Rote Armee Fraktion) commettait cinq attentats meurtriers et que les Brigades rouges italiennes commençaient leurs actions violentes.

Le récit proprement dit débute avec la prise d’otages de Munich. Des comédiens la rejouent sur scène : les Palestiniens du commando sont interprétés par des femmes. Des projections vidéo donnent à voir quelques extraits d’actualité, un journal télévisé fictif, des opérations reconstituées en vidéo, tandis que trois musiciens placés côté cour interprètent en direct une musique rock. Nous avons là, sur un plateau complètement ouvert et nu, tout le dispositif scénique utilisé pendant la répétition. Il suffit d’y ajouter, côté jardin, de grands caissons mobiles en bois, et qui figureront divers éléments du décor. Ils permettront aussi les changements de costumes à vue.

La belle trouvaille de Judith Depaule, c’est d’avoir resserré le débat autour des évènements de 1972 et de l’avoir incarné dans trois couples dont chacun est emblématique d’une des trois principales organisations qu’il a choisi de suivre. Ulrike Meinhof et Andreas Baader représentent la R.A.F., Fusako Shigenobu, la « Reine rouge » ou la « Veuve noire », et Kozo Okamoto, l’armée Rouge japonaise. Enfin, les Brigades rouges italiennes s’expriment par la bouche de Margherita Cagol, dite Mara, et de son mari, Renato Curcio. Tous les trois sont des dirigeants et/ou des fondateurs de leur mouvement. Il faut y ajouter le personnage épisodique de Mei Shigenobu, la fille que Fusako Shigenobu a eue d’un responsable palestinien du Front populaire de libération de la Palestine, l’organisation de Georges Habache et Ahmed Jibril.

Le récit que chacun fait du parcours qui l’a conduit à son engagement, en ancrant les personnages dans l’humanité, joue un peu le rôle de la captatio benevolentiae dans la rhétorique antique. Il suscite sinon la sympathie, du moins l’empathie à leur égard. Chacun peut se reconnaître dans ces jeunes gens qui deviendront des terroristes. Ce sont tous des intellectuels à l’exception de Baader et Kozo Okamoto. Ulrike Meinhof est même une journaliste reconnue avant sa radicalisation. À cet égard, le couple italien est le plus représentatif. Ils se marient à l’église et plus tard, quand ils sont déjà passés à l’action violente, rêvent d’avoir un enfant. Mara nous fait alors part de leur réflexion sur ce que peuvent être les devoirs de parents révolutionnaires.

Un « agréable déplaisir »

Une fois cette humanisation accomplie et les préjugés défavorables des spectateurs assoupis ou anesthésiés, Judith Depaule peut les inviter à suivre le chemin parcouru par ces hommes et ces femmes de l’idée à l’idéal puis à l’idéologie, jusqu’à la radicalisation finale. Et c’est là qu’apparaît toute la pertinence du choix effectué en faveur du multimédia. La présence constante en scène et parfois en plein cœur du plateau d’une musique dont l’univers de référence est le rock alternatif, la projection d’images d’actualité ou leur reconstitution vidéo, la retransmission vidéo sur écran de certains attentats réalisés, sous nos yeux, sur des maquettes, tout cet ensemble contribue à créer chez lui cet état « d’agréable déplaisir » dont parle l’auteur.

Tout au long de la pièce, le spectateur est interpellé, convié non seulement à comprendre, ce qui est essentiel, mais à prendre position. Le jeu des acteurs y est pour beaucoup, et il n’y a pas de maillon faible dans la troupe. Qu’il me soit cependant permis de louer plus spécifiquement les interprètes de Meinhof et Cagol. Elles savent rendre toute l’humanité de leur personnage sans occulter leur dérive idéologique qui n’en paraît que plus implacable.

Qu’on ne s’imagine pas qu’il ne s’agit là que de théâtre historique. À chaque pas, Judith Depaule, sans le dire ouvertement ni le sous-entendre plus ou moins élégamment, nous conduit à nous interroger sur notre temps. L’attentat dont est victime Rudi Dutschke, le 11 avril 1968, véritable catalyseur pour la jeunesse contestataire allemande, n’est pas sans rappeler une mort récente. Ces militants, que nous jugeons perdus et qui acceptent de perdre leur vie pour faire avancer une cause qu’ils estiment juste, n’appartiennent qu’au passé ? La société bloquée des années soixante où les jeunes ont l’impression d’étouffer, la surdité des autorités et leur faillite morale, etc., tout cela ne vous évoque rien ?

Je vois dans les Enfants de la terreur de Judith Depaule une œuvre pleinement théâtrale et politique. J’exprimerai un regret cependant : que l’auteur ait exclu la France de son propos. Les discussions au sein de la Gauche prolétarienne, qui aboutissent à d’autres choix, auraient enrichi le point de vue. Action directe, bien que sa création soit plus tardive, aurait fourni un pendant français aux groupes retenus. Toutefois, si, dans tous les domaines de la culture, tous les artistes empoignaient notre époque avec autant d’acuité et de pertinence, nous aurions accompli un grand pas. 

Jean-François Picaut


Festival Mettre en scène, 18e édition

Du 4 au 22 novembre 2014 à Quimper, Lannion, Vannes, Brest, Lorient, Saint‑Brieuc et Rennes Métropole

Les Enfants de la terreur, de Judith Depaule

Conception, mise en scène : Judith Depaule

Avec : Baptiste Amann, David Botbol, Marie Félix, Jonathan Heckel, Judith Morisseau, Anne‑Sophie Sterck, Cécile Fradet, Éryck Abécassis et Mélanie Frisoli

Avec la participation de : Tanguy Nédélec, Paul Grivas et Hussein el‑Azab

Assistante à la mise en scène : Aude Schmitter

Lumières : Bruno Pocheron

Musique : Éryck Abécassis et Mélanie Frisoli

Son : Julien Fezans

Production : Virginie Hamel et la Cie Mabel Octobre

Théâtre national de Bretagne • salle Gabily • 1, rue Saint-Hélier • 35000 Rennes

Réservations : 02 99 31 12 31

www.t-n-b.fr

Du 4 au 8 novembre 2014

Durée : 2 heures

20 € | 12 € | 9,50 € et abonnements

Tournée :

– Festival théâtral du Val-d’Oise

Théâtre de Goussainville - espace Sarah-Bernhardt

Réservations au 01 39 88 96 60

Vendredi 14 novembre 2014 à 20 h 30

– Théâtre d’Argenteuil - centre culturel Le Figuier blanc

Réservations au 01 34 23 58 00

Vendredi 21 novembre 2014 à 20 h 30

– L’Apostrophe - scène nationale Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise

Réservations au 01 34 20 14 14

Jeudi 27 novembre 2014 à 19 h 30 au Théâtre des Louvrais

– Festival Musique action

centre culturel André-Malraux - scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy

Réservations au 03 83 56 15 00

Mardi 12 et mercredi 13 mai 2015 à 20 h 30

– Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines

Réservations au 01 30 96 99 00

Mercredi 21 mai 2015 à 20 h 30, jeudi 22 mai à 19 h 30

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 17:42

Croiser les musiques africaines et le jazz : pari réussi


Par Jean-François Picaut

Les Trois Coups.com


Il n’est guère de festival consacré au jazz qui n’ait son concert ou sa soirée africaine. Jazz à l’Ouest ne fait pas exception et pour son vingt-cinquième anniversaire, il avait donné carte blanche à Baba Touré.

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Baba Touré | © Jean-François Picaut

Pour la soirée Africa Jazz de sa 25e édition, le festival Jazz à l’Ouest avait vu grand en prévoyant une salle où les spectateurs seraient pour la plupart debout et quelques-uns assis. Bien lui en a pris, car le concert s’est joué à guichets fermés.

Carte blanche avait été donnée au jeune percussionniste (38 ans) Baba Touré, Ivoirien mais installé à Rennes depuis 1998. Il a su s’entourer de musiciens connus en Afrique et au-delà : Abdoulaye Traoré (guitare), Ahmed Fofana (claviers), Christian Djieya (batterie), Balakala Diabaté (balafon) et le chanteur Mohamed Diaby. Mais il a également fait appel à Rafael Pasaino Monzon (basse), Maela Le Badezet (harpe et chant) et Romain Mercier (saxophones). Une belle équipe qui n’a pas tardé à chauffer le public.

L’ambition était claire : croiser les musiques africaines et le jazz, les confronter à la musique traditionnelle bretonne. Le pari a été réussi et le choix du répertoire n’y est pas étranger.

Des couleurs chatoyantes

Djandjo est une superbe ballade qui met en évidence les grandes qualités d’Abdoulaye Traoré, on croirait par instants entendre une kora. L’entente est parfaite avec Mohamed Diaby qui l’interprète avec une voix typique de l’Afrique de l’Ouest par l’utilisation des résonateurs. Le titre suivant, Masani Cissé, est également une ballade : on y apprécie les couleurs chatoyantes d’Ahmed Fofana au piano et les interventions de Romain Mercier et Maela Le Badezet. Soundjata, plus loin dans la soirée, présente les mêmes qualités. Le rythme s’accélère avec Kaira, beaucoup plus dansant, où s’illustrent Mercier et le bassiste Rafael Paisano Monzon. Ces trois premiers titres permettent de féliciter les sonorisateurs du concert qui, en sachant se tenir à un niveau de son acceptable, valorisent la musique qu’ils servent et ceux qui en sont les messagers.

En avançant, on arrive à un duo harpe et piano de toute beauté. Maela Le Badezet y révèle une voix intéressante en breton et en français. Baba Touré y ajoute des nuances particulières avec un gongoma de très belle facture, pas très bien éclairé, hélas. Et c’est le moment plus spécifiquement jazzy ou plutôt bluesy avec Mr P.C., d’après Coltrane. L’introduction, signée Romain Mercier, met les choses en place, et par la suite ce sont la basse et la batterie (Christian Djieya) qui se distinguent. On poursuit avec Zoulou Kala Nani qui donne à Baba Touré l’occasion de montrer sa virtuosité, non seulement par sa vélocité, mais aussi par la variété des rythmes et des couleurs. De son côté, Djieya y offre un solo complètement déchaîné.

Dans la fin du concert, Romain Mercier nous régale au saxophone soprano ainsi que Rafael Pasaino Monzon, à la basse. Et Ahmed Fofana nous surprend avec un passage orientalisant sur ses claviers. La soirée a parfaitement tenu ses promesses par le mélange réussi des cultures musicales, l’engagement de tous les artistes et cette touche de fête qui porte la signature africaine. 

Jean-François Picaut


Africa Jazz, carte blanche à Baba Touré

Avec : Baba Touré (percussions), Abdoulaye Traoré (guitare), Ahmed Fofana (claviers), Christian Djieya (batterie), Balakala Diabaté (balafon), Rafael Pasaino Monzon (basse), Maela Le Badezet (harpe et chant), Romain Mercier (saxophones) et le chanteur Mohamed Diaby

M.J.C. Bréquigny • 15, avenue Georges-Graff • 35200 Rennes

Tél. 02 99 86 95 95

Courriel : communication@mjcbrequigny.com

Dimanche 9 novembre 2014 à 18 h 30

Durée : 2 heures

12 € | 10 € | gratuit pour les moins de douze ans

Jazz à l’Ouest 2014 à Rennes (Ille-et-Vilaine)

25e édition

Du 4 au 15 novembre 2014

Site : http://www.jazzalouest.com

Billetterie : F.N.A.C. / www.bretagne35.com / M.J.C. Bréquigny et salles partenaires

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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 20:28

Un festival des sens


Par Jean-François Picaut

Les Trois Coups.com


Pour son 25e anniversaire, Jazz à l’Ouest s’est voulu innovateur. Le voici hébergé au château pour une soirée qui marie le jazz et la gastronomie. Détendez-vous !

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Jean-Yves Leseure et Olivier Nestelhut

© Jean-François Picaut

Pour ses vingt-cinq ans, Jazz à l’Ouest s’est offert la vie de château, l’espace d’un soir. Cela s’est fait avec la complicité du château d’Apigné (Le Rheu, Ille-et-Vilaine), une belle demeure néo-Renaissance, datant du premier tiers du dix-neuvième siècle. Le domaine abrite une hôtellerie et un restaurant particulièrement accueillants, mais c’est dans la serre, superbement rénovée, que se passent les évènements comme celui d’aujourd’hui.

La soirée s’intitule Is It a J.O.C. ? Non, ce n’est pas une plaisanterie. C’est un projet qui allie le jazz, l’œnologie et un cocktail dînatoire. La dégustation de vins, des produits du Val-de-Loire, se fait sous la conduite des sommeliers du Casier à bouteilles, qui réunit quatre établissements dédiés aux vins et spiritueux dans l’agglomération rennaise.

L’accueil dans cet endroit douillet, à l’hospitalité parfaite, est assuré par Mme Valérie Leroux, la directrice de la M.J.C. Bréquigny (Rennes) et le maître des lieux, organisateur de l’évènement, M. Karim Khan‑Renault. La composante musicale a été confiée à Poivre & Cel, un groupe d’amateurs de haut niveau, coutumier de ce style d’animation. Répartie en trois parties, elle encadre les diverses étapes de la dégustation des vins et des mets, soit à peu près l’apéritif, le plat chaud et le moment sucré.

Fantaisie orthographique

Poivre & Cel joue une musique intermédiaire entre le jazz des racines et celui des dernières années. Le groupe est composé de personnes dont on devine l’âge au nom qu’elles ont choisi. Et la fantaisie orthographique du « C » est due à la présence autrefois, dans ses rangs, d’une chanteuse prénommée… Céline. Aujourd’hui, comme le dit Jean‑Yves Leseure, on peut comprendre : « celle qui chante, céleste, célèbre… ». En tout cas, cette entorse à l’orthographe a permis, également, de se distinguer de quelques groupes qui avaient eu la même idée.

Le premier set, conçu pour accompagner le cocktail, est purement instrumental. On pourra regretter qu’il se produit sur un fond de conversations particulièrement bruyant, pour ne pas dire de brouhaha. Les bavards impénitents et peu discrets ne sauront jamais ce qu’ils ont perdu. Le programme était varié et composé de solides standards. J’ai particulièrement retenu On Green Dolphin Street, popularisé par Miles Davis, Nostalgia in Time Square (Mingus), Night Has a Thousand Eyes (Sonny Rollins), In a Sentimental Mood (Duke Ellington), Song for My Father d’Horace Silver, qui nous a quittés récemment. Didier de Kerzerho s’est distingué dans One Note of Samba (Antonio Carlos Jobim). Mais le plat de résistance a été, sans nul doute, le florilège extrait de Kind of Blue, un des albums les plus fameux de Miles Davis (1959), reprenant Freddie Freeloader, Blue in Green (composé avec Bill Evans) et l’incontournable So What. Ce fut l’occasion pour Sylvain Rocher de s’illustrer à la trompette. Évidemment, le héros incontesté de ce premier moment musical a été le leader du groupe, Jean‑Yves Leseure. Le saxophoniste a montré ici tout son talent, qui n’est pas mince.

Après l’intermède du plat chaud, le concert se poursuit. Cette fois, la plupart des participants sont assis et le silence se fait progressivement. Le climat est plutôt « jazzy french touch » et permet à Jean‑Yves Leseure de dévoiler une autre facette de sa personnalité. Le voici chanteur de charme. La voix est celle d’un baryton-basse et n’est pas sans évoquer Guy Marchand. Nougaro se taille la part du lion dans les titres interprétés (Sing Sing Song, Dansez sur moi, La pluie fait des claquettes, etc.), mais on y trouve aussi Henri Salvador (Mademoiselle), Léo Ferré (C’est extra, dans une belle version de Jean‑Yves Leseure), Michel Jonasz et Lavilliers. Cependant, la surprise va venir d’une participante. Anne Onillon, qui jure ne chanter que dans sa salle de bains et pour ses amis, interprète au sens plein du terme les Feuilles mortes de Prévert et Kosma. Dotée d’une jolie voix d’alto, elle semble avoir la pulsation jazz naturelle et sait en outre scatter !

Les mignardises savourées, on revient à la musique avec une troisième partie qui se veut plus swing et invite même à la danse. Olivier Nestelhut (saxophone alto) rejoint Poivre & Cel pour deux titres qui nous valent de beaux solos et de sympathiques duos avec Jean‑Yves Leseure et l’on s’achemine ainsi vers la fin d’une soirée bien remplie.

Pour un coup d’essai, cette première de Jazz à l’Ouest au château d’Apigné est un succès. Un programme varié, bien choisi et interprété avec cœur en est certainement la clef. La satisfaction des organisateurs et du public devrait conduire à renouveler ce type d’évènement. 

Jean-François Picaut


Is It a J.O.C. ?, par Poivre & Cel

Avec : Jean-Yves Leseure (saxophones, flûte traversière, chant), Marc Bachus (batterie), Nicolas Riébel (contrebasse), Sylvain Rocher (clavier et trompette) et Didier de Kerzerho (guitare)

Château d’Apigné • 35651 Le Rheu

Le 10 novembre 2014, de 19 h 30 à minuit

30 € repas compris

Jazz à l’Ouest 2014 à Rennes (Ille-et-Vilaine)

25e édition

Du 4 au 15 novembre 2014

Site : http://www.jazzalouest.com

Billetterie : F.N.A.C. / M.J.C. Bréquigny et salles partenaires

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